François Bellefeuille – Première médiatique du spectacle

Texte: Janie-Maude Legault Photo: Claude Dufresne

Après avoir passé plus de 10 ans à soigner les animaux en tant que vétérinaire, François Bellefeuille présentait, le 4 février dernier, son tout premier one man show. Après plusieurs mois de rodage et plus de 60 000 billets vendus, l’humoriste était fin prêt pour sa rentrée montréalaise, qui avait lieu au Monument-National. C’est à Pier-Luc Pomerleau que revenait la première partie du spectacle. Son numéro, d’une durée de 15 minutes, était bien monté et ses anecdotes étaient savoureuses. Il a entre autres parlé de son dédain pour l’emprunt d’équipements sportifs, de sa relation amoureuse avec une pharmacienne et de son côté bonasse, qui lui a souvent joué de mauvais tours.

Par la suite, l’humoriste, que vous pourrez voir sur les ondes de V avec Les Jokers, a laissé place à François Bellefeuille ou plutôt à son célèbre personnage de fou furieux. Bibitte étrange que le public a pu découvrir grâce à ces participations lors des Galas Juste pour rire 2012 et 2013, mais également lors de la première partie du spectacle Les heures verticales de Louis-José Houde.

Une question semblait être sur toutes les lèvres : François Bellefeuille serait-il capable de nous faire apprécier son personnage colérique pour toute la durée du spectacle? Eh bien oui, l’humoriste a relevé le défi haut la main. Il a réussi à doser l’agressivité de son personnage et à dompter la bête.

L’artiste donne le ton du spectacle rapidement en acclamant : « Le show que je vous présente ce soir, ne correspond pas à mes attentes. Je voulais un feel good show à mon image. » Il fait ensuite passer un questionnaire au public afin de prendre le pouls de la salle allant même jusqu’à demander : « Si vous aviez à sauver une personne âgée ou des bébés chatons d’une chute d’une falaise, qui sauveriez-vous? »

Dans son spectacle, l’humoriste aborde des thèmes classiques comme les relations amoureuses, la naissance, la création du monde et la vie de famille, thèmes entendus mille et une fois, en les revisitant à sa façon. C’est un heureux mélange entre l’absurdité et l’intelligence. Qu’il parle de régime, de ses passe-temps, des relations homme-femme ou de son séjour en Gaspésie, on sent que le vétérinaire n’est pas bien loin de l’humoriste. Il fait constamment des parallèles entre les humains et les animaux. Il parle de sa perte de cheveux en comparant sa chevelure indomptée à la crinière d’un cheval, de sa consultation chez le médecin afin de se faire retirer un ver d’oreille et il raconte également un voyage à travers le comportement des Fous de Bassan.

Exploitant le côté enfantin de son personnage, l’humoriste décide de parler d’un de ses passe-temps; la lecture. Il choisit même de faire découvrir au public deux suggestions de son bibliothécaire; Une glace à la grenouille et Caca boudin, en y allant d’une analyse personnelle. Sur un écran géant, les spectateurs peuvent suivre l’histoire en images. Utilisant à nouveau les projections, François Bellefeuille parle de la création de la Terre. « On dirait une game de Sims qui a mal viré. On dit que ça a été fait en 6 jours, je ne suis pas vraiment impressionné. » Il suggère donc à Dieu de faire des retouches : déplacer le Groendland vers le sud pour le faire fondre, accrocher un sapin sent-bon après l’Inde, changer la forme de l’Afrique, créer la République des cons avec Terre-Neuve, la Belgique et la Mongolie, etc.

Il présente également un numéro sur la conversation qu’il a eue avec son petit voisin concernant la célèbre question d’où viennent les bébés? S’en suit une discussion avec le père de l’enfant sur l’accouchement et le choix de faire des enfants.

Le spectacle reflète la vie pathétique et à la fois cocasse d’un célibataire trentenaire, sans enfant, au caractère exécrable et qui ne pogne pas du tout avec la gent féminine. Malgré tout, l’homme nous semble de plus en plus attachant à mesure que le spectacle avance.

François Bellefeuille a livré une prestation avec aplomb et agressivité sans toutefois jouer la carte de la vulgarité et sans tomber à l’excès dans l’absurdité. Il joue avec les situations anodines de la vie de tous les jours en y ajoutant du crunchy.  Un spectacle rafraîchissant et une perception unique du monde qui nous entoure.