C’est Laurent Paquin qui brisait la glace en animant le premier gala Carte Blanche du 36e festival Juste Pour Rire, jeudi soir à la Place des Arts de Montréal. « Ben oui, y’en a un finalement! » Un 15e gala derrière la cravate de l’humoriste qui anime de main de maître encore une fois cette année en faisant rire aux éclats et en poussant les réflexions au-delà de « on dit tu un échelle ou une échelle? » Laurent débute avec l’inévitable, le festival Juste Pour Rire qui a failli ne plus exister. « Y’a un éléphant dans la pièce, faut en parler (…) Y’a un éléphant pis en plus, y se touche! (…) J’avais dit non au début, mais ils ont compris oui. » La table est mise pour parler de « non qui veut dire » oui et de ce besoin d’évolution. Laurent fait un parallèle entre l’intelligence artificielle et la stupidité naturelle en parlant des bébelles qui pensent à notre place comme les autos intelligentes versus son grand-père qui était capable de tout faire. Ce qui l’amène à parler aussi de l’importance de ne pas être cave et qu’on devrait pouvoir injecter de l’intelligence. « On t’insère une clé USB pour faire des mises à jour. »
Premier Gala Juste pour rire pour le premier invité de la soirée, le brillamment drôle, Guillaume Pineault. D’une aisance naturelle, Guillaume est venu raconter avec aplomb la fois où après avoir échappé sa moto flambant neuve, il a décidé d’écouter son instinct de criminel. Une tordante anecdote dans laquelle Guillaume devient le motard « Youtubé » d’Hochelaga-Maisonneuve, qui a eu la chance d’exemptions de Tickets, mais qui se fait escorter par les policiers.
Adib AlKhalidey, un des humoristes qui aura son spécial Netflix, est venu parler de cette ambiguïté avec Uber et de ce monde qui n’est pas paramétré pour le monde gentil. « Être trop gentil ce n’est pas cool (…) je suis naïf, je me méfie. » Sa femme, avec qui il annonce se marier bientôt, est trop gentille et il se méfie d’elle. Il nous explique pourquoi en illustrant sa gentillesse de « psychopathe » quand il va voir des amis. Il raconte aussi s’être emporté à cause d’une station de métro à Paris qui porte le nom de « bonne nouvelle » et d’avoir voulu gentiment aider une dame qui allait tomber dans le wagon, avant d’être freiné à cause des stéréotypes.
La prochaine invitée est une ancienne avocate de crimes de guerre devenue humoriste anglophone et le coup de cœur de l’année de Laurent Paquin.
On découvre Jess Salomon et son charmant accent qui est venue en smart dans le centre-ville et avait l’impression d’être à l’intérieur d’un vibrateur (…) « je suis très détendue. » Elle est venue nous parler entre autres, de l’importance de sortir de sa zone de confort, des anglophones versus les francophones, de son allure de bonne personne même si elle peut être un véritable « trou dans le cul (prononcer le L ici) » et de ses expériences lesbiennes notamment celles de jeux de rôles avec sa femme ou de sa préférence pour dormir en cuiller. « Moi je préfère être celle qui est prise en cuiller, sauf une fois j’ai dormi avec une petite « boutch », j’avais l’impression de porter un sac à dos. »
Le toujours drôle Sam Breton, « celui pour qui un mot vaut mille images » a décidé d’être conteur sur le gala. S’adressant directement au public, il le rassure que ce sera comme une montagne russe, d’attacher sa rate qu’il s’occupe du reste. Il raconte alors une hilarante anecdote de lui et de sa blonde, gracieuseté du trafic causé par la fermeture de l’autoroute 20 en plein Dimanche après-midi. Il raconte comment un « cup de Tim Hortons » est devenu comme le Saint Graal pour sa blonde qui avait vraiment envie de pipi. Il la compare à une machine à café, la pauvre qui s’est retrouvée « nu-cul » dans le char à remplir 1 cup ½. « J’ai pas de bancs en cuir, je n’avais pas envie que ça sente le cheval (…) » Bravo Sam, c’était drôle sans bon sang.
Laurent Paquin, Louise Deschâtelets, Katherine Levac, Mélanie Couture, Anaïs Favron, Salomé Corbo et Mélanie Maynard se sont retrouvés sur scène dans un numéro de tribune téléphonique ayant comme titre « C’est quoi le problème ? » Elles ont donc à tour de rôle argumenté avec Laurent sur des sujets qui touchent les femmes tels que : Danser en paix sur la piste de danse, Oui c’est oui et tout le reste veut dire non, les femmes qui ne sont plus en sécurité nulle part, se faire cruiser par son boss, les vêtements genrés pour les enfants et les « dick pics ». À propos de ce dernier sujet, après avoir comparé les pénis à des chihuahuas, Katherine Levac s’exclame à l’instar d’Yvon Deschamps « Si on veut le voir, vous allez le savoir ! »
Neev, « le rêve américain en plus poilu » selon les dires de l’animateur de la soirée est venu s’exprimer sur l’immigration et de cette presse à vouloir qu’ils apprennent le Français. « Laissez-les arriver! » Il effleure le sujet de l’hiver et du froid avant de poursuivre sur les immigrants qui passent leur vie au Canada/ au Québec, sans jamais parler Français. Il élabore une cocasse vengeance contre la chinoise du dépanneur avant de s’embarquer dans un numéro où il imite son ami Africain (qui maîtrise parfaitement la langue française) qui lui donne des cours de « cruise. »
Ils sont à leur 5e « twoman show » et ont été de 13 des 15 galas de Laurent Paquin : Dominic et Martin sont venus dire les vraies affaires. « On devrait pouvoir dire les vraies affaires! (…) par exemple sur les cheveux bizarres. » Ils expliquent donc qu’on ne devrait pas censurer notre opinion sur les cheveux, notamment sur « les cheveux de nuque » de Trump. Mais aussi sur les perruques, le spray tan, l’obsession de certains à vouloir manger épicé, et les non-dits sur les « handicapés ». Avec beaucoup d’auto-dérision, Dominic clame qu’il veut être traité différemment. Il insiste que les personnes handicapées devraient avoir des privilèges, des avantages. Les deux complices parlent de moyens pour venir en aide aux « aveugles » et aux daltoniens entre autres. « Ce sont ceux avec tous leurs morceaux qui devraient s’adapter! »
Jérémy Demay qui animera son premier gala Juste pour rire le 22 juillet prochain était de passage sur le gala de Laurent. En premier lieu, il exprime son admiration envers les doyens, dont André et Céline du public qui sont ensemble depuis 26 ans. Doyens qui sont synonymes de sagesse et d’expérience, qu’il compare à Raffiki le babouin dans Le Roi Lion. Il explique ensuite avec plein de petites anecdotes rigolotes que la vie se résume à faire des choix, ses choix : Le choix d’accepter son physique; le choix de comment on se sent, par exemple en auto; le choix de nos noms; et le choix des activités de couple comme le pédalo.
L’avant-dernière invitée, c’était non-négociable, Laurent la voulait sur son gala. Pour le plus grand plaisir de tous, Christine Morency est venue faire rire aux larmes avec une désopilante anecdote d’une date Tinder aux glissades d’eau. Celle qui était jadis intervenante psychosociale auprès d’itinérants le dit elle-même : « J’ai le casting pour jouer dans unité 9 ! (…) J’adore le pain, c’est le meilleur moyen de manger du beurre. » Maintenant imaginez-la dans une glissade d’eau en tourbillon. Défi lancé par sa date et accepté parce qu’elle est « à un « t’es pas game » d’être virale sur internet. » Très crue, expressive et démonstrative, Christine raconte sa mésaventure : À l’envers, de dos, en buvant plus d’eau que Marjo en lendemain de brosse et en étant comme un gros jambon qu’on voudrait « tranché mince ». Sa date était charmée… et nous on a encore mal aux joues!
C’est Mike Ward « l’humoriste qui a autant de tournées sur scènes que dans les tribunaux » qui est venu clore le gala. Il a découvert dans la dernière année que « tout le monde » était un prédateur sexuel. « Personne n’aurait pensé l’année passée que, dans le fond, c’est moi la meilleure personne du showbiz! (…) moi je blesse les enfants avec des jokes, pas avec mon pénis! » Ward enchaîne ensuite avec une histoire de son ami Marco devenu Maria et raconte les réactions de ses amis d’enfance. « En 2018, il faut accepter! » « Si je devenais une femme, je garderais mon pénis. » Il termine en faisant un parallèle avec le GoGirl (entonnoir urinoir pour femmes) et la pub absurde de celui-ci. « Je ne sais pas quel dragon a dit oui à ça…Ça doit être Gilbert Rozon. »
Devant une ovation debout, Laurent Paquin remercie la foule d’avoir assisté à son gala, mais est rapidement interrompu par Dominic et Martin qui sont en mission. Pour souligner son 15e gala Juste pour rire, ils appellent sur scène son gérant et ses deux plus grands fans : Albert et Lisa, ses deux enfants. Ému, Laurent verra aussi son idole, Yvon Deschamps qui l’avait présenté lors de son premier gala en 1997, venir le « déprésenter » 21 ans plus tard bouquet de fleurs à la main. Bien mérité Laurent! Bravo et merci pour tous ces excellents galas et spectacles!