Serge Denoncourt, aux commandes de la mise en scène et la traduction de la comédie musicale de l’été Hair, se veut fidèle au spectacle de Broadway présenté en 1968. Hair nous dépeint le portrait d’une génération militante, en quête de liberté, d’amour et de paix, une génération qui défie les normes, la tête dans les nuages.
La pièce Hair « dérange », « surprend », il faut s’abandonner, se laisser transporter dans la folie.
L’époustouflante distribution dans la peau d’une bande de hippies colorés, nous fait vivre un gros « bad trip » historique en gang, sous fond d’harmonie, de synchronisme et de puissances vocales; Le tout avec une touche d’humour… et de nudité. 2h30 d’intensité, abordant des thèmes comme la discrimination envers les Afro-Américains ou les autres minorités, la place de la femme, l’orientation sexuelle, la guerre, etc. Plus souvent qu’autrement en chansons.
La présence constante et complète de l’impressionnante distribution dans les décors est, selon moi, la force du spectacle. Tout le monde sur scène en même temps, c’est puissant, c’est ficelé, c’est habile. Wow.
Il n’y a aucun doute, le niveau de talent de chacun d’entre eux, est élevé!
Points forts:
L’accueil directement dans la salle par les personnages, « joints de marijuana » en bouche: « Vous êtes beaux! », « merci d’être là »
Les steppettes « nues-fesses » du personnage de Berger qui donne le ton à la suite du spectacle.
Petit coup de cœur pour les parents de Claude qui amènent légèreté et plusieurs rires
Philippe Touzel. (Claude Bukowski)
Son jeu, sa voix. Il a ses yeux, il a ses dents, il a son « chest » pour ne pas trop déformer la chanson, mais il a surtout sa puissance vocale!
Nico Archambault: on ne se tanne déjà jamais de le voir danser, mais le cuir, la cravache, les bottes et le fessier au vent, c’est une scène provocante à laquelle on ne s’attend pas, du bonbon pour les yeux.
Étienne Cousineau, dans son rôle de Marguerite Mead. Apparition autant symbolique que légère et sympathique. Une prestation vocale puissante qui donne des frissons.
Éléonore Lagacé (Sheila Franklin)
Toute en voix. La belle qui en est à sa 3e comédie musicale pour Juste Pour Rire, donne vie une fois de plus, avec justesse, à son personnage sensible et coloré.
Éléonore retrouve Philippe sur les planches pour la 3e fois, après avoir partagé tous deux les rôles principaux de la comédie musicale Footloose et Grease.
Le personnage de Berger (Kevin Houle)
Pour l’ensemble de son jeu. Il est incarné. Il nous fait traverser un éventail complet d’émotions.
La 2e partie qui se veut comme un trip d’acide ou un film d’action, surtout grâce aux hallucinations, au « bad trip » du personnage de Claude.
Dont une magnifique danse d’un soldat virevoltant aux coups de balles de fusils.
Bémols:
Quelques longueurs au niveau des chansons.
On constate que le public se veut plutôt âgé dans la salle et nous force à se questionner. Faut-il avoir traversé cette époque pour pleinement apprécier le spectacle?
Est-ce que le côté historique rend l’expérience plus lourde?
Après l’entracte, le personnage de Hud nous lance « il vous reste 50 minutes à ne rien comprendre » honnêtement c’est un peu le sentiment qui m’habitait tout au long du spectacle, comme si j’essayais de vivre le même trip qu’eux totalement à jeun alors qu’ils sont tous sur un « gros high »