Ne m’oublie pas touche une corde sensible…
Nous avons tous une mère. Chacun d’entre nous avons connu cette femme de différentes façons. Certains ont eu la chance de vivre à ses côtés, d’autres l’ont connue l’espace d’un bref moment et d’autres l’on découverte par photos ou par le récit d’histoires. Il est indéniable que de parler de la « mère » peut heurter certaines âmes sensibles. La mère est sans doute le pilier le plus important d’une famille. Après tout, c’est elle qui nous a mis au monde! Nous avons une relation qui nous est propre avec elle et certains n’ont pas eu la chance de la connaître… C’est d’ailleurs ce qui est raconté —- dans la pièce Ne m’oublie pas, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des arts, à Montréal. Présenté du 15 au 25 février, le texte de Tom Holloway est traduit par Fanny Britt et la pièce est mise en scène par Frédéric Dubois. On nous fait découvrir la dure réalité des « British Home Children ». En effet, certains ignorent peut-être le drame vécu par des milliers de familles dans le monde. On arrachait des enfants à leurs parents alors qu’ils étaient tous très jeunes, afin de leur faire faire du cheap labour dans d’autres pays. Et ces jeunes enfants grandissaient en croyant que leurs parents étaient morts. Entre 1945 et 1968, dans le cadre d’un programme instauré par le gouvernement britannique, on a menti à plus de 3000 enfants, leur annonçant qu’ils sont orphelins.
Dans cette pièce où la retenue est à l’honneur, François Papineau explore l’univers de Gerry, homme dans la cinquantaine, qui a quitté Liverpool alors qu’il n’avait que quatre ans. Sa mère croyait qu’il était en lieu sûr avec une famille qui, disait-on, lui donnerait tout ce dont il rêve; une meilleure vie semblait être sa destinée. Cependant, elle n’avait aucune idée qu’il se retrouverait en Australie à travailler dur pour faire faire de l’argent à des inconnus. Aujourd’hui alcoolique et colérique, Gerry apprend qu’il lui est possible de retrouver sa mère biologique vivant encore dans le même appartement, à Liverpool. Avec quelques embuches, il réussit enfin à atteindre cette terre anglaise, mais une surprise l’attend… Ne m’oublie pas est une pièce axée sur la douleur de perdre des êtres chers, la lourdeur de vivre sans famille et le bonheur d’enfin découvrir d’où on vient.
La mise en scène sobre et épurée de Frédéric Dubois permet de mettre à l’avant-plan le grand talent de l’acteur François Papineau, Louise Turcot, Jonathan Gagnon et Marie-Ève Milot. Malheureusement, on se lasse vite du style de jeu, des souffles, des envolées coupées, des coupures de textes et de la façon dont s’expriment les acteurs, dirigés par Frédéric Dubois. En effet, le metteur en scène a sans doute dirigé ses acteurs ainsi, voulant sans doute démontrer la difficulté de communication entre les personnages. Cependant, cela a peut-être été trop exploité. Afin de créer un rappel avec le temps qui passe, le centre de la scène pivote et bouge très lentement, modelant ainsi la scène de sorte qu’on ait une vision toujours un peu différente du décor. Le décor représente donc différents endroits et quelques accessoires et meubles façonnent l’environnement. Le sol est blanc, sobre et sans artifice. Au final, la pièce est plutôt lourde, mais elle traite de sujets importants et d’histoires réelles et dramatiques. À voir.
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