La première de la pièce Gloucester à la Place des Arts

(Photo: Isabelle Jetté) 

Après un processus de 15 ans et l’implication de 5 compagnies de théâtre (Théâtre La Bordée, Théâtre Les Enfants Terribles, Simoniaques Théâtre, Théâtre Des Ventrebleus et La Place Des Arts), la pièce Gloucester a enfin été présentée à Québec plus tôt cet automne et s’installe à la Place des Arts jusqu’au 17 décembre.

 

Simon Boudreault et Jean-Guy Legault ont voulu créer une pièce originale basée sur l’œuvre et les personnages du célèbre Shakespeare (dont le 400e anniversaire de sa mort est célébré cette année). Avec la participation de 10 acteurs (voir la distribution à la fin de l’article) qui incarnent plus de 75 personnages dans 33 lieux différents, cette pièce est un récit historique, une satire où se mêlent les histoires de quelques tragédies de l’auteur anglais.

 

En résumé, Gloucester nous transporte en Angleterre après une victoire de l’armée, qui a à sa tête les généraux Gloucester et York, contre les Écossais. Le roi décide de partager le royaume d’Écosse en trois parts qu’il offre à Gloucester, York et à son épouse Goneril. Ils héritent chacun de 33,33% du territoire… Qu’arrive-t-il alors avec le 0,01% restant? Le roi choisit de le remettre à Gloucester ce qui lui donne un léger avantage sur les deux autres. La reine qui croyait être nommée comme unique régente choisira la vengeance et la trahison. S’en suivra alors une quête de pouvoir, thème qui revient dans la plupart des pièces de Shakespeare.

 

Même si chacun des personnages vit un drame personnel, la pièce fait sourire et rire à plusieurs reprises. Les scènes mettent en lumière les travers de ces personnages : la jalousie, l’ambition, les déchirements familiaux, le goût de la victoire, la guerre, etc.On y voit aussi, comme dans les autres pièces de Boudreault (As is, En cas de pluie, aucun remboursement, etc.) la hiérarchie et les différentes classes de la société avec le personnage de Iago (Edmond) un bâtard du roi qui arrive à s’allier avec la reine afin de détruire l’amitié entre Gloucester et York. Tous les personnages essaient de vaincre et d’obtenir le plus de pouvoir possible, ce qui mènera à leur perte.

 

Les références à Shakespeare comme les apparitions de Tybalt tué de la main de Roméo, Ophélie morte noyée et Richard III, une scène de balcon comme dans Roméo et Juliette, le célèbre passage être ou ne pas être tiré de la pièce Hamlet ou le roi empoisonné. On fait également référence à plusieurs éléments modernes. À tout ça est ajouté des extraits chantés, des intermèdes, un combat de danse épique et même des marionnettes… passage particulièrement bien exécuté et très drôle.

 

Durant plus de 2 h 30, les comédiens se donnent à fond en interprétant plusieurs personnages chacun, en changeant de costumes à l’occasion et en transformant eux-mêmes le décor pour nous emmener ailleurs. Les coulisses sont inexistantes et l’on oublie que ce sont les comédiens qui déplacent les décors tellement c’est bien intégré. Les éléments de costumes sont ingénieux… quelques morceaux de ferraille et un bâton font vivre un cheval à merveille. La mise en scène, signée par Marie-Josée Bastien (qui incarne la reine), est remarquable.

 

Si vous avez le goût de rire, de voir des comédiens s’amuser sur scène en interprétant un mixte de plusieurs tragédies connues, Gloucester, cette folle et hilarante comédie saura vous plaire!

 

Pour plus de détails, rendez-vous sur le site Web de la Place des Arts : www.placedesarts.com.